SCANDALEUX ! Une leçon d’Oracle pour tuer la concurrence ou le poids de quelques mots.

Via une subtile modification de ses règles, Oracle augmente ses coûts de licence sur AWS. Une façon de favoriser son offre Iaas, notamment auprès des entreprises intéressées par des services de bases de données.

Larry Ellison avait promis que le Cloud d’Oracle serait plus rapide et moins cher que celui de la concurrence. Les équipes chargées du licensing chez l’éditeur s’y emploient. La société de Redwood Shores vient en effet de modifier la facturation de ses produits sur Amazon Web Services (AWS), aboutissant à un doublement des coûts sur le Cloud du leader du Iaas.

Dans sa précédente politique de licences, Oracle considérait que chaque CPU virtuelle (vCPU) d’AWS comptait pour un demi-cœur de processeur. Sauf que ce document a récemment été mis à jour et que chaque vCPU équivaut désormais à un cœur. Ce qui revient à doubler les coûts de licence pour une puissance donnée. Cette soudaine inflation est masquée dans une simple phrase du document de référence d’Oracle, qui explique que, désormais, l’application du facteur multiplicatif standard que pratique l’éditeur (soit O,5 pour les Intel Xeon notamment) n’est pas applicable aux environnements Cloud. « Le 23 janvier 2017, le facteur relatif aux cœurs de processeur Intel a été retiré du calcul des coûts des licences Cloud et, dans le courant de la nuit, vos coûts de licences Cloud ont doublé ! », écrit dans un billet de blog passablement énervé le DBA anglais Tim Hall.

 Contrer AWS dans les bases de données

Si cette décision touchera tous ceux qui vont déployer une nouvelle base de données Oracle sur AWS, l’éditeur n’a pas précisé le sort qui attend ses clients existant. Signalons aussi que Azure, qui n’a pas recours à l’hyperthreading des processeurs Intel, et AWS sont désormais logés à la même enseigne au regard du licensing Oracle.

Ce tour de vis peut s’expliquer par la volonté d’Oracle d’imposer son Iaas, aujourd’hui largement distancé par les leaders de ce marché que sont – dans l’ordre – AWS, Microsoft et Google. La firme de Larry Ellison entend aussi défendre sa position dominante dans les bases de données, un leadership que conteste AWS qui a lancé divers services de bases de données low cost (avec Redshift et Aurora).

En septembre dernier, lors de son événement majeur, Oracle World, l’éditeur avait multiplié les comparaisons entre ses technologies et celles du leader du Cloud. Montrant par exemple un benchmark où, pour une application analytique, Oracle DB se montrait 24 fois plus rapide sur le Cloud Oracle que sur celui d’AWS (avec le serveur le plus rapide). « Pas 24 % plus rapide : 24 fois », avait insisté Larry Ellison. Et d’ajouter : « cela implique que ce que vous réalisez en une heure avec Oracle, vous y parvenez en 24 heures sous Amazon. Or, 24 heures de services Amazon reviennent beaucoup plus chères qu’une heure de services sur le Cloud Oracle. » La stratégie de l’éditeur semble donc vouloir creuser un peu plus l’écart : en plus d’augmenter ses tarifs sur AWS, Oracle a également annoncé que son option multitenant n’était plus disponible sur EC2, le service de compute d’Amazon.